Sciences de l'éducation: Management, Technopédagogie, Enseignement du FLE
Le présent blog poursuit des objectifs pluridisciplinaires en lien avec les orientations de recherche et les travaux divers de son auteur (Arnaud Tabakou). De fait, il y est question de: l'enseignement du FLE et de travaux pratiques en lien avec l'apprentissage de cette langue, du recours aux dispositifs hybrides pour l'enseignement, du management de l'éducation, de la sociologie et de l'économie de l'éducation...
mardi 8 août 2017
samedi 22 juillet 2017
Apports de théories en psychologie à la didactique
APPORTS DE THEORIES EN PSYCHOLOGIE A LA DIDACTIQUE
QUELQUES THEORIES SUR L’ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE DES LANGUES
PLAN DE TRAVAIL
INTRODUCTION
I.
APPORTS DE THEORIES EN PSYCHOLOGIE A LA DIDACTIQUE
1.
LE
CONSTRUCTIVISME DE PIAGET ET SES APPORTS A LA DIDACTIQUE
1.1.
Le Constructivisme
1.2.Les
apports du constructivisme à la didactique
2.
LE
SOCIOCONSTRUCTIVISME DE VYGOTSKY
2.1.Origine et présentation
générale du socioconstructivisme
2.2.Apports du socioconstructivisme à la didactique
2.2.1.
L’enseignement
socioconstructiviste
2.2.2.
L’impact du socioconstructivisme sur le processus
enseignement/apprentissage
3.
LE
SOCIOCONSTRUCTIVISME ET SON APPORT A LA DIDACTIQUE : APPROCHE DE BRUNER
3.1.Le
Socioconstructivisme selon BRUNER
3.2. Le
socioconstructivisme et son apport à la didactique
II.
QUELQUES THEORIES SUR L’ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE
DES LANGUES.
1.
LA
THEORIE DE KRASHEN
1.1.L’hypothèse
du cycle d’acquisition
1.2.L’hypothèse
de l’ordre naturel
1.3.L’hypothèse
du cycle conscient
1.4.L’hypothèse
d’écriture ou de parole
1.5.
L’hypothèse du filtre affectif
2.
LA
THEORIE DE CHOMSKY
CONCLUSION
dimanche 14 mai 2017
Anne Barrère: Les lycéens au travail
Anne Barrère : Les lycéens au travail
par Arnaud TABAKOU TEMAYEU
INTRODUCTION
L’école, qu’est-ce que c’est ? Un constat liminaire
fait état de ce que l’école est le reflet de la société, l’école : c’est
l’institution qui, plus que toute autre, incarne la république. Dans cette
perspective, l’école, autant que la république qu’elle représente et la société
qui l’héberge, a son propre environnement, ses acteurs et leurs interactions.
Cet environnement dit « scolaire », selon Émile DURKHEIM, est
fortement dépendant des structures politiques et sociales. Ainsi se trouve
posée les fondements qui sous-tendent la sociologie de l’éducation. Dans le
cadre de cette étude, nous procéderons à une analyse multivariée de l’ouvrage Les lycéens au travail : tâches objectives, épreuves subjectives d’Anne
BARRÈRE. Pour cet ouvrage, l’auteure est partie d’une analyse des mentions
portées par les enseignants sur certaines copies d’apprenants, à l’instar de « Travail insuffisant ; peut mieux
faire ». Elle pose ainsi qu’il s’agit d’un paradoxe si l’on s’en tient
au fait que l’allongement des études induit une caractérisation du travail
scolaire en tant qu’expérience. Aussi propose-t-elle, par le biais d’une
méthode qualitativo-quantitative, d’analyser le travail réel des apprenants,
au-delà des conséquences en termes de résultats scolaires. Il est donc question
de ressortir le contenu de cet ouvrage. Cependant, il ne s’agira pas d’un
résumé, mais plutôt d’une analyse critique intégrant rapport de lecture et
critique de l’ouvrage. Dans cette perspective, nous aurons successivement :
l’analyse des postulats théoriques d’Anne BARRÈRE puis, l’analyse critique de
l’ouvrage.
La présente section vise à ressortir d’une lecture analytique, les différentes conceptions
élaborées par BARRÈRE, selon la nature des problématiques secondaires mises en
exergue.
1.1. La nature du travail scolaire
Après avoir noté dans son propos liminaire que la
sociologie de l’éducation, dans la perspective de BOURDIEU et PASSERON, ne
s’est pas suffisamment penchée sur la question du travail scolaire, BARRÈRE pose que le fort taux de référentialité au concept de travail et
son caractère central dans l’univers des classes devrait attirer l’attention sur sa pertinence.
En effet, le travail de l’élève relève plus d’une
compréhension tacite, implicitement partagée et limitée aux deux acteurs
fondamentaux du processus d’enseignement-apprentissage. Pourtant, le travail scolaire étend ses limites bien
au-delà du simple cadre scolaire, faisant ainsi des lycéens, des travailleurs à
grande échelle. Dans cette perspective, l’auteure adopte une posture
descriptive dont l’objectif tient d’une démonstration de la nature sociale du
travail des élèves, au-delà de sa nature scolaire. Ainsi, la conception du
travail des lycéens se trouve élargie à l’échelle sociale. Il devient
indispensable d’en ressortir les caractéristiques.
1.2. Les caractéristiques du travail des lycéens
Seront
présentées dans cette sous-section, quelques caractéristiques du travail des
lycéens afin d’établir une compréhension plus approfondie des postulats de BARRÈRE.
1.2.1. La bi-spatialité du travail des lycéens
Les
tâches d’apprentissage sont à réaliser tantôt en milieu scolaire, tantôt en
milieu extra-scolaire. En effet, BARRÈRE
constate que les élèves sont amenés à gérer des contraintes relevant de la
planification des activités et de l’organisation de ces dernières. Et pour
cause, la bi-spatialité de leur travail inclut une bi-facialité des modalités
de travail. Ainsi, en salle de classe, ils sont amenés à travailler avec un
guide (enseignant) qui agit et réagit majoritairement dans une perspective du
groupe ; par contre, en dehors de l’école (maison, autres lieux
d’apprentissage (bibliothèques…)), l’apprenant est contraint de changer de mode
de travail : il est désormais seul, sans guide, probablement sans pairs. Cette
dichotomie induit un certain nombre de réajustements incessants qui participent
d’une augmentation du travail du lycéen. Par ailleurs, l’auteure précise que ces réajustements se
font à une échelle pluridisciplinaire, élargissant ainsi l’horizon de travail du lycéen.
En outre, le travail dans deux espaces implique un conformisme
du lycéen face aux contraintes organisationnelles que lui posent les
environnements présentés supra.
Ainsi, le lycéen doit s’adapter au manque d’autonomie qu’il subit tant au lycée
qu’à la maison ; il doit aussi assurer le statut social d’enfant d’une
famille qui, en tant qu’organisation micro-structurelle, lui confère des tâches
extrascolaires.
1.2.2. La bi-facialité du travail des lycéens
Cette
rubrique vise à établir la double articulation du travail des lycéens, en
rapport avec le paradigme école-société. De fait, BARRÈRE souligne que les
lycéens, en tant que produit social sont envoyés à l’école pour une
socialisation au sens durkheimien. Or, la société attend un retour sur
investissement. Il en résulte que chaque lycéen est appelé à s’investir dans un
travail scolaire supposé lui faire acquérir des compétences utiles à la
société, et dans laquelle il lui faudra les réinvestir sous forme d’un autre
travail. Ainsi, dans un aller-retour incessant, les lycéens apprennent diverses
notions à l’école (travail scolaire) qu’il leur faut utiliser dans différentes
situations de vie (travail social).
1.2.3. Travail des lycéens et cadre social
L’étude de BARRÈRE a été menée sur un échantillon de deux
établissements scolaires : l’un fréquenté par des lycéens issus de milieux
défavorisés, tandis que l’autre est fréquenté par des lycéens issus de milieux
favorisés. De fait, elle a plus établit
que les interactions entre le lycéen et son environnement de vie sont essentielles
pour la réalisation de son travail. En effet, elle a remarqué que les enfants
issus du premier groupe s’accommodent malaisément de l’invasion des contraintes
scolaires dans leur environnement personnel : les causes identifiées sont
l’absence de cohésion entre leurs pairs à l’école et leurs pairs au quartier,
et l’absence de soutien familial. Par contre, les élèves issus du second groupe s’adaptent à cette
invasion, grâce au soutien familial et à la
cohésion entre le groupe juvénile extrascolaire et le groupe (juvénileà
scolaire. En d’autres termes, par un phénomène d’implication directe, les
élèves du premier groupe sont issus d’un milieu où tous les pairs (du point de
vue de l’âge) ne vont pas forcément à l’école et où les membres de la famille
n’ont pas forcément bénéficié d’une scolarité avancée : il en résulte un
déphasage au niveau intellectuel à chaque fois que ces élèves vont du milieu
scolaire au milieu extrascolaire ; par contre, les élèves du second groupe
bénéficient d’une forme de constance d’ordre intellectuelle, de par le niveau de
scolarité tant des pairs que des membres de la famille. L’inconstance et la
constance observées de part et d’autre complexifient ou facilitent (selon les
cas) le travail des lycéens.
1.2.4. Travail scolaire et subjectivité
La présente rubrique fait état des imbrications existantes entre le travail
scolaire et la subjectivité des acteurs, et des interactions entre les
subjectivités des différents acteurs en présence. En effet, l’étude montre que
les lycéens développent des mécanismes subjectifs qu’ils appliquent aux tâches
scolaires. Considérant que toutes les tâches relèvent de l’évaluation
sommative, et que les notes peuvent être influencées par diverses variables
indépendantes, les lycéens ont développé une conception qui assimile
l’apprentissage à un exercice de mémorisation, tandis que l’évaluation est
conçue comme une activité de restitution des connaissances : un tel
contexte promeut un apprentissage (plus
exactement, des lectures
intenses) cumulé à la veille des
évaluations. Cependant, l’enseignant demande
souvent aux élèves de laisser libre cours à leur subjectivité en
répondant à une question : les
lycéens constatent ainsi qu’au-delà du travail de lecture, il leur faut
recourir à la réflexion, un autre travail.
Par ailleurs, eu égard de ce que la
vision utilitariste de l’apprentissage, née d’une quête d’efficience et de la
quête de capital humain des entreprises, a modifié les orientations de
l’éducation, comme le rappelle LENOIR (2012), BARRÈRE souligne que les lycéens
ont tendance à ne fournir des efforts pour une tâche que si cette dernière est
sanctionnée d’une note. De fait, BOYER constate que
« L'utilitarisme prospère précisément sur la
fragilité de l'intérêt
intellectuel. Il permet de
travailler pour la
note immédiate, la
moyenne, l'orientation... Il devient
de cette façon
support de sens et
générateur de pratiques
réelles : il
ordonne la masse de travail, la
découpe et classe en
investissements calculés
pour bénéfices scolaires. »
L’implication
directe de ce postulat dans l’étude de BARRÈRE est que si les performances sont
bonnes, elles ont tendance à croître, tandis que si elles sont mauvaises, leur
déclin sera croissant.
En outre, la subjectivité des élèves
se manifestent par la crainte qu’ils ont de se faire railler par rapport à leur
notes : il en résulte qu’ils font davantage d’efforts, travaillent plus
pour émerger de la spirale de l’échec scolaire.
L’analyse visant à ressortir les
postulats de BARRÈRE dans son ouvrage ainsi achevée, la réflexion est à présent
réorientée vers une analyse critique du
même ouvrage.
2. ANALYSE CRITIQUE DE L’OUVRAGE DE BARRÈRE
Posons au préalable que l’étude de BARRÈRE
nous semble pertinente puisqu’elle étudie un système d’interactions entre l’école
et la société, qui sont des entités corrélées. Cependant, dans une perspective
critique, certaines remarques peuvent être formulées.
Ainsi, nous accordant avec BOYER, nous pensons que relativement à notre
formation en management de l’éducation, BARRÈRE
nous aurait été davantage utile si elle s’était intéressée aux politiques
managériales et modalités de fonctionnement. En effet, un accent mis sur ces
éléments aurait pu nous éclairer quant à la nature des implications entre système managérial,
processus d’enseignement-apprentissage, et performances des apprenants.
Par ailleurs, au regard de l’actualité dans certains pays
non africains à l’instar des États-Unis d’Amérique, la tendance est à la
rémunération de tout travail, fut-ce le travail social d’un lycéen au bénéfice
de sa famille. Cette tendance semble être en accord avec les considérations de
BARRÈRE. Or, de telles conceptions doivent être
« socio-contextualisées ». En effet, et comme le soulignait un
sociologue camerounais dans un programme de la CRTV-Radio, de telles tendances
ne doivent pas être importées car elles annihileraient nos valeurs
socioculturelles. Il est pourtant admis que ce sont ces dernières qui régissent la vie d’une société et
orientent son école, pour un retour sur investissement conséquent.
L’analyse qui trouve ici son extinction était
orientée sur la compréhension de l’ouvrage Les lycéens au travail : tâches
objectives, épreuves subjectives d’Anne BARRÈRE. À son issue, nous pouvons
relever qu’au travers d’une modèle de
recherche qualitativo-quantitatif, l’auteure a présenté une situation
déplorable de l’environnement scolaire, qui fait travailler le lycéen sans tenir
compte des différentes interactions au milieu desquelles ce dernier se trouve
balloté, de l’école à la société. Ainsi, au bénéfice des acteurs de l’éducation,
l’ouvrage souligne la nécessité de prendre en compte tant les interactions
intra-organisationnelles du système éducatif (de l’échelle macrostructurale à
l’échelle microstructurale) que les interactions extra-organisationnelles que
le système éducatif en général et l’école en particulier entretient avec la société qui l’héberge. En
outre, au regard de la critique que nous avons proposée, les manageurs de
l’éducation devraient se souvenir que la nature de ces interactions, la teneur
des décisions à prendre, sont fortement contextuelles : tout doit être
ajusté à la thématique « école et société ».
BARRÈRE, Anne (1997), Les lycéens au travail : tâches objectives, épreuves subjectives, PUF,
pp.
BARRÈRE, Anne (1998), « Les
forçats de l’école : Réflexions sur la valeur du travail au lycée », SPIRALE -Revue de Recherches en Éducation,
N° 22, pp.105-113
BOYER, Régine (1998)
« Barrère (Anne). - Les lycéens au travail. » In: Revue française de pédagogie, volume
124. Sociologie de l'éducation. pp.
155-156; http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1998_num_124_1_3042_t1_0155_0000_1
Document généré le 07/06/2016
LENOIR, Yves (2012), Éducation scolaire, performance et équité
sociale: des relations problématiques, Lingvarvmarena, Vol. 3, pp. 9 – 36.
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