par Arnaud TABAKOU TEMAYEU
INTRODUCTION
De la théorie de la stylistique structurale
ANALYSE STRUCTURALE DE LA FABLE « La laitière et le pot au lait » de La Fontaine
Notre étude aura cinq
postes d’analyse : le plan d’énonciation, la métrique, les modalités de
phrase, les champs lexicaux dominants (l’habillement et l’élevage), et les
types de phrase.
1.
Le
plan d’énonciation (Contexte
procédé stylistique
contexte)
L’apologue
commence par une séquence narrative, qui s’étale sur les onze premiers
vers ; présentant Perrette sur le chemin de la ville, ce récit descriptif
se présente comme le principal plan d’énonciation notamment à travers le
recours au système verbal du passé : « prétendait »
(v3), « allait » (v4), « comptait, employait, achetait,
faisait » (hypotaxe observée) (vv8-10). Nous sommes donc dans la
norme, le macrocontexte/contexte.
La
brisure d’équivalence constituée par le microcontexte/procédé stylistique
apparaît du v12 au v21 à travers l’insertion d’une séquence discursive qui
rompt avec la norme établit et constitue de fait un écart. Cette séquence
s’observe à travers l’usage de guillemets, le recours au présent de l’indicatif
et au futur simple, la présence d’une interrogation rhétorique. Ce brusque
changement désigne l’énallage, avec
pour effet recherché la production une
forte impression sur l’archilecteur, l’insistance sur ce segment qui présente
l’impact des illusions ou d’un discours intérieur trop onirique sur la vie
réelle : cet exagération du rêve chez Perrette s’illustre à travers une
hypotypose (vv14-19), marquée par une construction symétrique (vv17-18) qui
manifeste la cohérence du discours intérieur de Perrette.
La séquence
narrative réapparaît du v22 au v29. Cette réapparition permet de clore ce poste
d’analyse.
2.
La métrique
(type de contexte structural 2 : Contexte procédé stylistique (qui
peut être à l’origine d’un nouveau contexte + PS))
Au-delà
de « balbutiements » observés dans la mesure des vers 1-2, nous
observons qu’à partir du v3 jusqu’au v12, il y a une construction métrique
régulière qui s’impose comme norme. En effet, la mesure du vers obéit à une
trilogie qui est croisée à une autre mesure trilogique : on recense ainsi
3 alexandrins suivis de 3 octosyllabes suivis de 3 alexandrins. Il s’agit là
d’une symétrie au niveau de la
métrique.
Le
fait stylistique naît de la rupture de cet ordonnancement des mesures. En
effet, la trilogie des vv12-13-14 se pose en tant qu’écart dans la mesure où
son noyau (v13), alexandrin est en déphasage avec ses pôles (vv12-14),
octosyllabes dans un groupe censé être constitué d’octosyllabes. Cette rupture
a sans doute un lien avec le changement de plan d’énonciation et de référent de
communication. Un tel procédé suggère la quête d’un effet de rupture accommodante
puisqu’il apparaît comme la prémisse d’un nouveau contexte.
Une
nouvelle norme est établie (vv15-24), qui pose désormais l’alexandrin comme mesure
du vers. Cette nouvelle norme peut être interprétée comme une montée en
puissance vers le nœud de l’intrigue : c’est un mouvement crescendo qui
correspond à une protase
macrostructurale.
La brisure
intervient à partir du v25 à travers la réintroduction des vers à 08 pieds qui
viennent rompre d’avec la norme de l’alexandrin. Ce procédé stylistique peut
être interprété comme une chute de la tension narrative, l’action centrale
ayant déjà été réalisée : c’est un mouvement decrescendo qui nous amène
vers la fin du récit, c’est une apodose macrostructurale.
3.
Les modalités
de phrase (type de contexte structural 1 : Contexte procédé stylistique contexte ( procédé stylistique)
Du
v1 au v18, on observe une récurrence d’emploi de la modalité déclarative
notamment à travers la ponctuation « . », la syntaxe des phrases qui
présente pronom personnel + verbe (« Perrette,
[…] prétendait…la ville. » vv1-3). Ainsi constituée, elle devient la
norme.
Toutefois,
une brisure apparaît dans les vv19-20-21 puisqu’il y a une modalité
interrogative actualisée, qui rompt avec la norme. C’est une interrogation
rhétorique marquée par l’emphase que porte la conjonction « et ». Cette insistance a pour objectif de clore le
discours intérieur de Perrette et de poser cette interrogation comme la cause
de la chute du lait car l’image de bêtes sautant actualisée dans le psychique
de Perrette, a été inconsciemment réalisée par cette dernière qui a sauté. L’effet
stylistique visé par l’encodeur est celui de l’insistance afin de démontrer
combien nos illusions peuvent nous entraîner à la chute.
De nouveau la
modalité déclarative s’établit comme norme (vv22-29). Elle héberge alors non
seulement les vv22-29 qui font état d’une hypotypose,
mais aussi les vv28-29 : «le récit
en farce…le pot au lait », qui nous permettent de reconnaître en cette
fable, une conglobation. Cette norme est à nouveau rompue
par la modalité interrogative qui, dans ce cas, correspond à un épiphonème. À travers cette figure de
style brisant l’équilibre, l’encodeur conclut son argumentation. L’effet
observé est la sensation qu’a l’archilecteur d’être interpellé à plus de vigilance
concernant l’intensité de son imagination.
4.
Les champs
lexicaux (contexte procédé stylistique)
Le
long des 09 premiers vers, le lexique de l’habillement est présenté comme norme
pour ensuite laisser place au lexique de l’élevage (vv10-21). Cette rupture met
en exergue la simplicité de l’habillement de Perrette comme conséquence de ses
vues sur son futur élevage. À travers cette rupture, l’émetteur souligne la
primauté des ambitions de Perrette sur son habillement, aspect cher aux femmes.
L’archilecteur a l’impression qu’il lui est recommandé par ce procédé, de ne
pas négliger l’essentiel, le réel au profit de l’illusion.
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